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Do Waves Have Memories? Humand and Ocean Issues in Syaman Rapongan's Writing (nouvel article publié dans "Trans- Revue de Littérature Générale et Comparée")

Texte intégral
Syaman Rapongan, La mémoire des vagues, Lianhe wenxue, 2002.

Résumé :


(Français)

Syaman Rapongan夏曼.藍波安, né en 1957 sur l’île des Orchidées (Pongso no Tao en langue tao, Lanyu en chinois), est un écrivain qui revendique son appartenance au groupe aborigène des Tao. Auteur de nombreux essais, romans et légendes, son œuvre est souvent considérée par le champ littéraire à Taiwan comme un canon de la « littérature aborigène » (原住民文學 yuanzhumin wenxue).
Baptisé par la critique d’ « écrivain de l ‘océan » (海洋作家 haiyang zuojia), ses écrits sont ainsi marqués par des thèmes récurrents la vie quotidienne des Tao et leurs pratiques sociales et religieuses, dans lesquelles l’océan tient effectivement une place majeure. Ses considérations littéraires sont autant de réflexions sur les rapports ethniques et/ou politiques entretenus entre la population Han de Taiwan et les Tao, mais aussi entre les Tao et d’autres peuples austronésiens du Pacifique. Le monde « naturel » et les problèmes environnementaux se retrouvent par ailleurs souvent au centre de ses textes.
Cet article s’attardera précisément sur l’appropriation de la thématique environnementale dans l’écriture de Syaman Rapongan, principalement dans ses recueils d’essais Sentiments profonds par une mer froide (冷海情深 Lenghai Qingshen, 1997) La mémoire des vagues (海浪的記憶 Hailang de jiyi, 2002) et Le visage du navigateur (航海家的臉 Hanghai jia de lian, 2007). Cette interrogation nous amènera à effectuer une analyse sur le primitivisme et l’(éco)-cosmopolitisme auquel fait appel Rapongan dans son écriture, et la manière dont il traite de questions telles que la surpêche ou le stockage des déchets nucléaires sur l’île des Orchidée, qu’il considère comme des dégradations tout aussi environnementales que culturelles/cosmologiques.
À la lumière, des théories écocritiques et de la justice environnementale, mon ambition sera de mettre en relief les interconnections entre problématiques humaines et environnementales dans les écrits océaniques de Syaman Rapongan et de comprendre comme son écriture du paysage passé d’un appel à une restauration écologique localisée à une approche pus cosmopolite, initiant ainsi un processus de déterritorialisation. Dans cette étude, j’essaierai enfin de mettre en perspective l’approche de Rapongan avec celle d’autres auteurs des « archipels », dans leur recherche d’un modèle alternatif d’habiter le monde.

(English)

Syaman Rapongan, born in 1957 on Orchid island (Pongso no Tao in the Tao language, Lanyu in Chinese) in Taiwan Archipelago, is a writer who claims to belong to the Tao aboriginal group. He is the author of numerous essays, novels and stories and his work is often considered in Taiwanese literary circles as a reference in “indigenous literature” (原住民文學 yuanzhumin wenxue).
Hailed by critics as “a writer of the ocean” (海洋作家 haiyang zuojia), his writings feature recurring themes such as the everyday life of the Tao people and their social and religious practices, in which the ocean plays a major part. Rapongan’s literary themes amount to reflections on the ethnic and/or political relationships between the Han population of Taiwan and the Tao people, but also between the Tao and other Austronesian peoples in the Pacific Ocean. The “natural” world and environmental issues are often at the core of his texts.
This presentation focuses on how Syaman Rapongan makes the theme of the environment his own, most evidently in his series of essays Cold Sea, Deep Feelings (冷海情深 Lenghai Qingshen, 1997), Memories of the Waves (海浪的記憶Hailang de jiyi, 2002) and The Face of the Navigator (航海家的臉 Hanghaijia de lian, 2007). This will lead on to an analysis of (eco)-primitivism and (eco)-cosmopolitanism in Rapongan ‘s writing, including the ways he follows and challenges ethnic policies in Taiwan, and the ways he deals with issues such as overfishing or storage of Taiwanese nuclear waste on Orchid Island, which he considered both environmental and cultural/cosmological degradations.
In the light of ecocritical and environmental justice theories, I will attempt to emphasize the interconnections between human and environmental issues in Syaman Rapongan ‘s oceanic writings, and to understand how and why his landscape writing shifts from a call to a localized ecological restoration to a more cosmopolitan approach, initiating a process of deterritorialization. In this study, I will try to put in perspective Rapongan’s approach with other “archipelagic” writers, in their search for an alternative way of inhabiting the world.

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