L’une de mes traductions parues en ce début d’année est l’aboutissement d’un projet – ou plutôt d’une envie de très longue date – une anthologie de poèmes de Lin Yao-teh (林燿德), étoile filante de la scène littéraire taïwanaise, emporté tragiquement dans son 34e année, mais dont les récits, les poèmes, les travaux théoriques auront durablement marqué la scène littéraire taïwanaise des années 1990-2000. « Une étoile en séjour sur Terre », pour reprendre les mots du poète Bai Ling (白靈).
Présentation de l’éditeur :
Florilège de poèmes écrits à la fin des années 1980, De la neige dans un bol en argent témoigne des angoisses et des espoirs de la société taïwanaise qui émerge à peine d'une rude période de répression politique. Naviguant allégrement entre poèmes symbolistes, postmodernes, surréalistes et même visuels, Lin Yao-teh surprend en permanence les lecteurs, puisant tantôt dans la poésie classique chinoise, tantôt dans le récit de voyage, tantôt encore dans la mythologie nordique ou la science-fiction. Souvent emplis d'une atmosphère sinistre et futuriste, les poèmes de Lin Yao-teh interrogent la place de l'individu pris dans les soubresauts de la civilisation humaine, entre chute et expansion.
Lin Yao-teh, De la neige dans un bol en argent, tr. G. Gaffric, coll "Poésie de Taïwan" (dir. M. Laureillard), Circé, 2025
Et en bonus, le poème qui conclut l'ouvrage :
Sous les pavés, la neige
– GG, pour LYT
Le bruit tombe en neige sur l’écran noir
imprègne transforme le film du mercredi
cliquetis
de pinces arachnéennes
qui tissent leurs toiles tissent leurs abysses
et qui savent les contes étranges
la neige tombe en bruit sur les pages jaunies
écume change le poème ensablé
vibrations
d’ailes coléoptériennes
qui tracent leurs mots dressent leurs murs
et qui savent les contes étranges
couleurs tombées du ciel sur le macadam
perlent fusionnent la Ville glacée
cendres
des feux de l’ouest
qui effacent le temps recomposent le temps
jusqu’à ce que toutes les mers
bouillonnent
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