Quelques chroniques sur La Guerre des bulles de Kao Yi-feng (éd. Mirobole), traduit par votre serviteur :
"[...] Entrer dans La Guerre des bulles demande quelques efforts tant l’univers décrit est déconcertant de prime abord. Dès les premières pages, on est cueilli par des bulles aux pouvoirs suggérés, par des fantômes aux manifestations bien éloignées des apparitions écossaises, par des clébards à l’intelligence dérangeante. Ajoutez à cela un vieillard et ses chiens, une sorcière et ses pains aux puissants pouvoirs… le lecteur en prend plein la tête, saoulé d’exotisme. D’autant que, de surcroît, Kao Yi-Feng joue de la subtilité de sa langue. Et même si le traducteur, Gwennaël Gaffric, n’a pu, de son propre aveu, rendre toutes les finesses de ces jeux du fait de la rigidité de la langue française, les enchainements de phrases, d’idées peuvent surprendre ; certaines inventions font d’ailleurs écho à celles des surréalistes ou de l’OULIPO, comme ces champignons « cuisses-de-poulet » sautillant dans les cours pour finir par devenir de véritables volailles. Pourtant, une fois ce choc initial passé (une petite centaine de pages, quand même…), la poésie baignant ce roman entre en action. Le sort de cette cohorte d’enfants prend une importance considérable. L’affrontement avec la meute des chiens sauvages, par sa violence, parfois, émeut et inquiète. Le résumé de ce deuxième roman de l’auteur taïwanais ne sera pas sans rappeler Sa majesté des mouches, l’immense classique de William Golding — une communauté d’enfants sans adulte pour la guider. D’autant que les rapports de force, les liens entre enfants, calqués sur ceux des adultes, sont bien au centre de La Guerre des bulles. Les tensions pointent au sein du groupe, puis se renforcent à mesure de la narration. Mais la situation, subie chez Golding, est voulue chez Yi-Feng. Et surtout, le fantastique fausse la donne. Le cadre, quasi onirique, possède une importance capitale dans ce roman dépaysant et ô combien recommandable. Gageons que les lecteurs de SFFF, rompus aux habitudes bousculées, aux certitudes ébranlées, sauront profiter de cette virée haute en couleurs dans un univers envoûtant."
"Loi d’airain de l’oligarchie, loi éternelle des révolutionnaires qui
doivent confronter leurs idéaux non seulement aux contraintes du réel mais
aussi à l’opposition politique, les enfants franchiront les étapes inévitables
de la transformation d’un mouvement en gouvernement. De la fraicheur à
l’efficacité, de la recherche du consensus à l’autoritarisme, de la violence
fondatrice à la violence réitérée. Les mêmes causes produisent les mêmes
effets, les idéalistes de tous bords ont toujours du mal à s’en convaincre."
"Quoi de neuf sur ma pile"
http://www.quoideneufsurmapile.com/2017/11/la-guerre-des-bulles-kao-yi-feng.html
"Roman sur l’enfance et sur la politique, La Guerre des bulles est
porteur d’une réflexion sur les frontières – géographiques et politiques mais
aussi entre les âges, les espèces, le monde réel et surnaturel. C’est cette
polysémie qui fait sa force. Un roman étrange qui grignote l’esprit (j’ai
dû tuer le roi des chiens sauvages dans une vie antérieure)."
"Lettres de Taïwan"
https://lettresdetaiwan.com/2017/11/19/la-guerre-des-bulles-coup-de-force-enfantin/
"Très poétique, léger et pourtant parfois très dur, ce roman se lit
vraiment très facilement grâce à une langue aérienne, légère, exigeante mais
tournée vers le lecteur. Transportant celui-ci vers des ailleurs insoupçonnés,
on se sent tour à tour confortablement installé dans sa lecture, ébranlé,
surpris, choqué, perdu. Il faut se laisser faire, pénétrer dans le livre sans
certitudes et sans crainte car au final, l’histoire universelle qui nous y est
contée marquera votre esprit d’une empreinte indélébile."
"Le Capharnaüm éclairé"
http://cafardsathome.canalblog.com/archives/2017/11/01/35826190.html
"Il est vrai que Kao Yi-Feng s’est parfois laissé entraîner par sa faconde
et la prolixité de sa plume, en particulier dans la description minutieuse du
détournement de l’eau par les enfants au milieu du livre. Mais, ce qui prime,
au final, et reste gavé dans la mémoire, ce sont les descriptions des hordes de
chiens menaçant l’ordre humain du faubourg, et, finalement, l’image du «
faubourg inversé », de l’autre côté du miroir de l’eau de la fontaine, où
restent les chiens démons et les enfants qu’ils ont emportés, sans que jamais
les deux faubourgs puissent être réunifiés… on n’en finit pas de songer à tous
les murs et pays coupés en deux dans le monde que suggère cette image. « La
Guerre des bulles » résonne encore longtemps après que le livre a été refermé."
"Chinese-shortstories.com"
http://www.chinese-shortstories.com/Actualites_163.htm
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