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Traduction d'extraits d'Atlas, archéologie d'une ville imaginaire, de Dung Kai-cheung 董啟章

Traduction d'extraits d'Atlas, archéologie d'une ville imaginaire (地圖集:一個想像的城市. 的考古學), de l'écrivain de Hong Kong, Dung Kai-cheung 董啟章 dans le dernier numéro de Jentayu, dont le thème est « Cartes et territoires » !





Un extrait de « Transtopie » (轉易地), de Dung Kai-cheung

Le continent procure souvent un sentiment réconfortant de stabilité. Les rivières s’écoulent ou s’envasent, l’océan avale les hommes ou les laisse à la dérive pendant que les îles se morcellent. Seul le continent semble digne, calme, à jamais invariable. Si l’on excepte les séismes, un continent est, à peu de choses près, toujours parfaitement fiable, et dans le même temps languissant et implacable. Nous autres cartographes ne pouvons échapper à ce sentiment déjà ancien et rebattu éprouvés par les hommes ordinaires envers le continent, mais nous sommes aussi porteurs du désir d’introduire des changements au sein de cette inébranlable inertie.
La carte est précisément l’un des moyens de faire changer un continent. Je la suspecte d’ailleurs d’être le plus efficace, le plus profond et la plus significatif de tous. Du moins la carte présente-t-elle deux variations possibles : la transformation et le transfert. La première variation a pour objet la rigidité du continent, l’autre, son poids. Ces deux variations mettent en jeu des aspects différents des cartes : la transformation se focalise sur l’aspect technique de la conception cartographique, tandis que le transfert s’intéresse à son existence matérielle. Qu’elle soit imprimée, gravée, sculptée, manufacturée, palpable, pliable ou transposable, la carte peut toujours circuler et être détruite.


Retrouvez la suite dans Jentayu (ainsi que sept autres textes de Dung Kai-cheung, traduits par votre serviteur), en compagnie de textes de Tsering Woeser ou Haruki Murakami !






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